La statistique est formelle, ou presque : 9 recruteurs sur 10 ont déjà vu - de leurs yeux vus ! - un diplôme falsifié. Horresco referens, dans quel monde vivons-nous !? Il est vrai qu’aujourd’hui, dans notre société du commerce électronique et des ressources informatiques, il suffit de taper ‘faux diplôme en ligne’ pour se retrouver, en quelques clics et moyennant pas cher, titulaire d’un Bachelor de Stanford alors que l’on a tout juste le baccalauréat (essayez, vous verrez)… Le genre de tricherie qui a toujours donné des boutons à Hugo Spiess. Mais depuis qu’à travers un article de presse il a croisé par hasard le chemin de la blockchain - cette technologie de stockage et de transmission d’informations, partagée simultanément par tous ses utilisateurs, ne dépendant d’aucun organe central, et dont les données sont incorruptibles et infalsifiables -, le Strasbourgeois ne pense qu’à certifier diplômes et compétences, non seulement pour simplifier le travail des recruteurs, mais surtout pour faciliter l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi, lutter contre les discriminations à l’embauche et favoriser l’égalité des chances…
Economie et commerce international
Hugo Spiess a grandi dans un quartier modeste de Strasbourg où son père était médecin. « Nous habitions une petite maison », sans la prairie, donc. Gamin, il se rêvait juge pour enfants, ou avocat plaidant avec éloquence et effets de manche - « J’étais à l’aise à l’oral ! ». Mais le droit, dans son apprentissage, exigeait du ‘par cœur’ quand Hugo, « élève sérieux et curieux néanmoins attiré par le fond de la classe », préférait l’action. « L’orientation est souvent le résultat d’un non-choix. J’ai donc fait de l’économie et du commerce international. » Le voilà à l’ISEG, ‘école de marketing, communication, digital inside’, dans la capitale alsacienne, où il préside la junior entreprise. Un passage à la Dublin Business School - « Une expérience de vie incroyable ! - lui donne envie de se diriger vers les ressources humaines. Finalement, et parce que l’existence est facétieuse, il entre aux Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), où il sera, pendant près de six ans, chargé de clientèle annonceurs. « J’en ai profité pour construire ma vie » ? Traduction (libre) entre les lignes, Hugo Spiess devient enfin sérieux. Une épouse et deux enfants plus tard, il rencontre la blockchain en 2016, technologie dans laquelle il voit le moyen de sécuriser l’authentification de tout diplôme par une preuve numérique, et tant pis pour votre Bachelor pochette surprise de Stanford.
Major de promotion
« Aujourd’hui, les jeunes diplômés bougent beaucoup et doivent présenter des qualifications. Il ne s’agit pas de remplacer le traditionnel diplôme papier mais d’affirmer la compétence qu’il valide, par la preuve numérique que fournit la blockchain en rendant immuable et infalsifiable la certification de cette compétence. »
Pour donner corps à son idée, Hugo commence par reprendre des études, direction cette Faculté de Droit qu’il avait soigneusement évitée en son jeune âge, pour un Master 2 Droit de l’économie numérique, spécialité Commerce électronique. « Pour être tout à fait honnête, je ne suis demandé si j’avais les épaules pour me lancer dans cette aventure. » A l’université, il découvre le dispositif Pépite (Pôle Etudiant Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat), émanation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui accompagne les étudiants-entrepreneurs. « Cela m’a permis de transposer dans mon projet tout ce que j’apprenais dans ma formation. » Le néo-entrepreneur se trouve toutefois confronté aux exigences de l’entrepreneuriat et le Hugo « qui ne bossait pas trop » tout à coup « rigolait moins… » Mais la passion - à laquelle on ajoutera la responsabilité de père de famille ! - servait d’aiguillon aux jours de lassitude. Voilà comment Hugo Spiess a terminé major de promotion.
« A la cérémonie de remise des diplômes, on m’a présenté la directrice de l’Ecole régionale des avocats du Grand Est (ERAGE) qui avait entendu parler de mon projet. Cela l’intéressait et elle a mis des locaux à ma disposition au sein de l’ERAGE, pour me permettre d’en poursuivre le développement. » Voilà comment l’ERAGE est devenue la première école, et le premier client, à utiliser la technologie Prosoon pour authentifier ses diplômes.
Prosoon, donc, parce qu’il faut sans doute décrypter cette curieuse raison sociale. « Cela vient du grec ‘prosön’, qui signifie ‘qualification’. La légère translation vers ‘pro’, comme professionnel, et ‘soon’ comme bientôt en anglais, m’est apparue tout de suite. » Va pour Prosoon.
Vers le CV anonyme certifié
Récemment Hugo, déjà en possession des noms de domaine ‘prosoon.fr et .eu’, a pu acquérir ‘prosoon.com’ qui lui ouvre de vastes perspectives d’extension à l’international. « Actuellement, la Commission européenne travaille sur la blockchain pour qu’un étudiant puisse circuler dans toute l’Union. Prosoon a été sélectionnée comme force de proposition dans ce domaine. Une fois que cette blockchain sera mise en production, nous aurons toutes les prédispositions techniques pour être conforme à l’EBSI (European Blockchain Services Infrastructure). De quoi rassurer tous les acteurs publics et institutionnels de la formation. » Car si Prosoon entend garantir la légitimité de celui qui utilise la compétence, c’est bien l’émetteur de confiance (université, grande école, etc.) qui la fait valider par la start-up. Au-delà de la certification, Hugo voit déjà plus loin : « Demain, il sera possible de faire son marché dans la ‘CVthèque’ de Prosoon autour d’un secteur spécifique. Tous les titulaires de la certification à la recherche d’un emploi pourront se rendre visibles. Il s’agira du premier CV anonyme certifié dans le monde entier ! L’anonymat étant levé, bien sûr, au moment d’un entretien. »
De la formation à l’emploi, Prosoon vise à faciliter la vie et le travail de toutes les parties prenantes : établissements de formation, étudiants, entreprises. Preuve (infalsifiable ?) que Hugo Spiess était vraiment destiné aux ressources humaines…
