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Ambroise Collon

met de l’écologie dans l’économie

Au fil d’un parcours aussi brillant qu’original, Ambroise Collon, ingénieur pédagogue, entend apporter une écologie intelligente au cœur de l’économie. Les Nouveaux Géants, l’entreprise qu’il a cofondée en 2021, s’y emploie activement.

Ambroise Collon

Dans la famille Collon, le grand-père était entrepreneur, le père est entrepreneur, des oncles et tantes sont entrepreneurs, une sœur est entrepreneur… Bref, l’entrepreneuriat y est un marqueur tout ce qu’il y a de plus net - on en plaindrait presque la mère d’être spécialiste d’ingénierie financière dans une multinationale.

Moyennant quoi, Ambroise, le fils, est devenu… ingénieur des Mines. « On choisit souvent une filière pour de mauvaises raisons : parce qu’on est bon en maths et en physique (c’est mon cas et, franchement, j’aime les sciences) ; parce qu’on veut garder les ‘portes ouvertes’ le plus longtemps possible… »

N’empêche, quand on a l’entrepreneuriat dans les gènes, il faut bien s’y résoudre : « J’étais attiré par ce monde !  ».

Ambroise rattrape le coup en s’inscrivant à HEC Entrepreneurs, avec la ferme intention de s’orienter entreprise. « Et puis c’est un master aussi peu scolaire que possible, et le scolaire me pesait.  »

Selon ses propres dires, sa réussite principale s’y résumera à… l’échec du lancement de 3 entreprises. Quoi de plus formateur, en effet ? « Quand des idées n’aboutissent pas, le choix des associés et souvent en cause. Il faut s’entourer de gens avec lesquels on se sent bien et on a envie de travailler - ça, c’est une vraie leçon. Les compétences, ça s’apprend, mais les valeurs sont innées. Pour créer une entreprise à plusieurs, il est préférable d’avoir les mêmes. Ce n’est peut-être pas rationnel, mais c’est logique, donc c’est rationnel ! Et c’est un ingénieur qui parle. »

A HEC Entrepreneurs, les néophytes ne savent pas faire grand-chose. Ils apprennent un peu, bien sûr, le business. Mais ils apprennent surtout les super pouvoirs de la confiance en soi. « A travers tout ce que l’on entreprend, on doit résoudre des problèmes, avec pour consigne majeure de se débrouiller ! Et on se prouve, chaque semaine, qu’on en est capable. C’est difficile à retranscrire sur le plan purement académique : il faut le vivre. »

Une thèse, un livre, des cours, une association…

Mais puisqu’une remarquable collection d’échecs, même instructive, ne saurait constituer un palmarès, encore moins un curriculum vitae, Ambroise Collon devient lauréat du Prix HEC Entrepreneurs 2016 de la meilleure thèse professionnelle - ce qu’il présente modestement comme sa ‘réussite secondaire’. De cette thèse il fera un livre, « La puissance de la gamification  », dans lequel il explique comment appliquer les techniques du jeu au monde de l’entreprise pour en améliorer la compétitivité. Un truc aussi abscons qu’abstrus ? Que nenni ! Pour preuve, le commentaire élogieux de Bernard Ramanantsoa, directeur général honoraire d’HEC : « Ce livre est un modèle de pédagogie. La ‘leçon’ que nous offre Ambroise Collon est remarquablement écrite. Ce livre ne se lit pas comme un roman... c’est un roman ».

Dans la foulée, et par l’intermédiaire d’un ami qui crée des cours pour OpenClassrooms, Ambroise imagine pour le site de formation en ligne un parcours diplômant à Bac+3. « J’ai développé l’ensemble du cursus : 20 h de vidéo, 800 pages de cours, beaucoup de création de contenu. J’ai adoré l’expérience. »

Il participe également à la création l’association Mangrove, lieu de réflexion pour néo-diplômés ne se ‘retrouvant’ pas dans le monde du travail qui leur est proposé, et désireux de réfléchir aux enjeux du télétravail et du nomadisme, avec en filigrane l’envie de travailler en toute liberté (ou presque) dans un écosystème jeune et tech. « L’idée était de rebondir sur les théories développées par Frédéric Laloux dans son ouvrage ‘Reinventing organizations’ (2015), qui révolutionne la pensée et la pratique managériales.  » A l’aune de ‘l’après-Covid’, on comprend mieux ce que la démarche avait de précurseur (limite divinatoire) quatre ans avant la pandémie.

Pour être tout à fait honnête, avouons avoir passé sous silence deux ou trois autres réalisations d’Ambroise, par pure crainte de nous perdre en même temps que le lecteur dans leur énumération et leur description. Mais tout cela témoigne d’une évidente soif (on n’ose dire de boulimie) du jeune homme à saisir avec gourmandises toutes les opportunités s’offrant à lui.

La pédagogie par l’action

Quoi qu’il en soit, on verra volontiers dans ces dispositions éditoriales, pédagogiques et innovantes les excellentes raisons qui ont poussé HEC à lui confier la direction opérationnelle du master HEC Entrepreneurs à l’heure même où il s’agissait de développer un partenariat avec l’Ecole Polytechnique pour en faire le MSc X-HEC Entrepreneurs (2018). « En raison de la fusion avec Polytechnique, il fallait repenser tout le programme. J’avais 26 ans, et 120 étudiants à manager qui avaient à peu de choses près mon âge. Il convenait de trouver la ‘bonne distance’, genre « je l’ai fait, faites-moi confiance ». Je conserve un souvenir exaltant de cette expérience de pédagogie par l’action, la seule à mes yeux qui permette vraiment de maîtriser des compétences utiles et de faire grandir les individus. »

En tout cas, ‘l’expérience’ aura un fort impact sur la suite de la carrière d’Ambroise. En effet, il émanait des trois promotions qu’il a accompagnées une forte prise de conscience écologique. « Cela m’a profondément interpellé et conduit à m’interroger sur la nature du challenge économique de notre siècle, sur la manière de remettre au cœur de la théorie économique ce qui est bon pour l’homme plutôt que ce qui est bon pour l’économie.  »

Question : comment traduire ces préoccupations sur le double terrain de la formation et de l’entreprise ? Question subsidiaire : la formation et l’entreprise étant le fil rouge de sa carrière, comment Ambroise Collon peut-il en concilier la mise en œuvre ? Il s’en ouvre Frédéric Laloux, avec lequel il est en contact, qui l’oriente vers l’écosystème Mulliez. Il rencontre Alexis Bringuier (membre de la célèbre famille) et Nicolas Hennon, ancien directeur général de Kiabi.

Ecologie et dosage

Il faut croire que les indispensables valeurs communes évoquées plus haut pour créer une entreprise se trouvent réunies chez ces trois-là, puisque Les Nouveaux Géants sera fondée peu après, en septembre 2021, Ambroise en prenant la direction générale. « Il s’agit d’un organisme de formation dont le but est de permettre aux entreprises de concrétiser leur transition écologique. Selon une étude du cabinet Carbone 4, 75 % des réductions d’émissions de CO2 sont du ressort des entreprises et de l’Etat. Il importe d’abord de réduire les centaines de milliers de tonnes que représente l’empreinte carbone des entreprises avant de s’attaquer aux quelques tonnes de nos empreintes individuelles. Ca signifie bien que la transition écologique s’opère en premier lieu dans l’entreprise, par la transformation de ses modes de fonctionnement. C’est ce que propose de faire Les Nouveaux Géants, par le biais de formations innovantes qui apprennent aux collaborateurs à pratiquer leur métier autrement. Les nouveaux géants, ce sont eux ! » Et ça marche : Leroy Merlin, Electro Dépôt, Saint-Maclou, Nocibé, entre autres, ont déjà transformé le principe en action.

Jeune trentenaire, Ambroise Collon, l’ingénieur qui s’était initialement projeté dans un monde de technologie, se dit aujourd’hui heureux d’avoir mis de l’écologie dans son job et dans l’entreprise. Une écologie de bon sens qui ne se veut pas ‘punitive’ ni ‘culpabilisante’, bien au contraire, dans laquelle il s’agit d’apprendre à modifier nos idéaux, pour retrouver le temps, la sérénité et le bonheur de simplement prospérer. Franchement, elle ne vous fait pas envie cette écologie-là ?


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