La page Linkedin de Sylvain Bertrand

Sylvain Streiff et Flore Wang

« 1 + 1 = 3 »

Dans la vie normale, Sylvain Streiff et Flore Wang n’avaient aucune raison de se rencontrer. Mais la construction d’un projet d’entreprise autour de quelques notes de musique les a réunis. Et cet affectio societatis cher aux juristes va bien plus loin qu’une simple rencontre entre deux inconnus.

Sylvain Streiff et Flore Wang

D’un côté, Sylvain Streiff, 35 ans, fils de Christian Streiff

Très fort en musique. Initiation au piano en son plus jeune âge, puis guitare, qui devient son instrument de prédilection. Mais très fort en maths, aussi. Diplômé en 2008 de l’Ecole Polytechnique (on vous a prévenus : très fort en maths). Avec, pour faire bonne mesure, un master Recherche appliquée en musique à L’Ircam, histoire d’accorder X et la. Puis participation à un projet de recherche sur la transcription automatique du piano au sein d’une équipe de Télécom Paristech. Toutefois, la part mathématique de la musique ne l’amuse qu’un temps. La musique, dans ce qu’elle contient d’émotion et de partage, reste la grande passion de ce féru de jazz et d’improvisation qui deviendra résident sur la scène underground européenne. La musique l’emporte. Direction le Berklee College of Music, à Boston, école de référence internationale, pour un complément d’études en 2008.
Sylvain Streiff mène ensuite à Paris une vie de musicien qui joue, compose, donne des cours… De retour d’Istanbul, dans une salle expérimentale, il croise une amie comédienne en partance pour le Vietnam. La suit (2013). Découvre là-bas la musique traditionnelle et apprend à jouer du dán bâù, instrument vietnamien monocorde. Accessoirement, il visite le pays à moto. En 2015, il rentre en France où sa compagne donne naissance à un petit Gaston.
En résumé, Sylvain Streiff est un guitariste électrique - voire éclectique - attaché à la musique improvisée, cherchant l’équilibre entre des racines jazz, une démarche d’expérimentateur et une grande affection pour les musiques traditionnelles populaires.

De l’autre, Flore Wang, 32 ans, née en Chine

Arrivée en France à l’âge de 6 ans, en 1993. Education française, passage par Louis-le-Grand, diplôme HEC en 2010. Début de carrière dans la finance, à Londres (UBS, Coller Capital), avec l’ambition d’acquérir une aisance financière lui permettant de faire… ce qu’elle a envie de faire. Banco. En 2013, elle fonde l’ « Association des Chinois en finance à Londres », pour changer l’image des Chinois en Occident. Organise tous les mois un événement lié à la Chine, des conférences sur le double thème de l’art et de la finance. Lance en 2014 sa première entreprise, Tomaster, plateforme de mise en relation de développeurs immobiliers chinois et de cabinets d’architecture et de design occidentaux. 1 M€ de chiffre d’affaires dès la première année. Flore Wang quitte le milieu financier. Mais quitte aussi Tomaster en 2016, en raison de différends culturels avec ses associés - ce sont des choses qui arrivent. Devient consultante free lance pour start-up et COO intérimaire, rejoint Jellynote, librairie de partitions de musique en ligne, fondée en 2012. La plateforme peine à trouver son « product market fit » et finit par couler, quoique bien vivante avec son million d’utilisateurs mensuels. Flore Wang, que le solfège et le violon ont traumatisée, comprend néanmoins l’attente des amateurs à la recherche d’une partition chère à leur cœur et généralement introuvable ailleurs. Reprendre Jellynote, donc, mais sans connaissance du milieu musical, comment faire ? Trouver un co-repreneur fort de ces compétences.

Et au milieu, Jellynote

Bon, alors, imaginez que vous cherchiez la partition de la chanson « Les Passantes » (poème d’Antoine Pol, mis en musique et chanté en 1972 par Georges Brassens) mais dans sa version cornemuse. Pas facile… Il faut savoir que sur les réseaux MP3, il existe 40 millions de titres à l’écoute, dont 500 000 seulement sont transcrits en partition, généralement pour piano ou guitare (et pas cornemuse). Sans doute cette partition existe-t-elle dans quelque tiroir de musicien l’ayant transcrite à l’oreille pour ses propres besoins (d’accord, c’est un cas extrême, mais vous voyez l’idée). Reste simplement à la trouver… ou à l’écrire et à la proposer en ligne. Jellynote, c’est ça : un lieu de rencontre pour des millions de musiciens, du prof de musique au débutant amateur. Les uns créent et publient des arrangements et tutoriels de chansons, les autres apprennent à les jouer sur leur instrument, le tout dans un contexte social ludique et gratifiant. La technologie développée par Jellynote permet d’afficher des partitions augmentées : responsive, défilement automatiquement, playback, et même une vue instrument pour visualiser les touches et cordes à jouer si on est réfractaire au solfège. Jellynote négocie aujourd’hui les droits et les licences des œuvres musicales avec les majors de l’industrie musicale.
On ne fera pas ici la promotion de LinkedIn, mais c’est souvent un bon moyen de se « trouver » professionnellement. Ce qu’ont fait Sylvain et Flore, qui ont commencé à travailler ensemble durant l’été 2018. « Nous n’avions a priori aucune raison de nous rencontrer. Mais nous nous sommes tout de suite rejoints sur la façon de concevoir le projet, à travers notre complémentarité. » L’ingénierie (et la musique !) pour Sylvain, l’économique (levée des fonds et gestion) pour Flore. Et la passion de voir naître un projet. « Dans ce cas, l’association entre deux inconnus, c’est mieux… » Le principal souci de Flore est de ne pas perdre la confiance des investisseurs, celui de Sylvain est de réussir cette aventure pour les musiciens. D’ailleurs, à ses yeux, « l’entreprise », au sens où on l’entend d’ordinaire, n’a guère de sens. Et l’idée « d’entreprendre » ne lui a jamais effleuré l’esprit. «  Mais tout ce que j’ai fait (jouer, fonder des groupes, monter des spectacles…) c’est entreprendre  ! » Flore a été émue par l’entreprise Jellynote, pour le bonheur qu’elle donne à ceux qui trouvent les partitions de leurs rêves. « Je ne pouvais pas les laisser tomber  ». Ce qui fait dire à Sylvain et Flore que leur association est plutôt du genre 1 + 1 = 3. Preuve qu’à Polytechnique et HEC on développe parfois une conception originale de l’addition.

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