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Julien Tizot

Le risque pour capital

Si l’on se livre à une synthèse rapide des 38 ans d’existence de Julien Tizot, on constate que le risque en est la principale composante, dans son acception globale de « possibilité de survenue d’un événement indésirable, probabilité d’occurrence d’un péril ou d’un aléa ». Mais le Marseillais a cette capacité rare et précieuse de savoir mesurer la nature de ceux qu’il prend.

Julien Tizot

Pas sûr qu’à l’heure des premiers vagissements Julien Tizot fût à même de mesurer le risque qu’il prenait en choisissant de vivre, alors que son pronostic vital était engagé. Puisque cela se passait à Marseille, on sacrifiera à l’image d’Epinal en invoquant l’intercession de la Bonne Mère. Quoi qu’il en soit, il survécut heureusement et, déjà, l’alea était jacta. En son jeune âge, le petit Julien goûta fugacement du ballon rond (dans la cité phocéenne comment faire autrement, sauf à se jeter à l’eau au Cercle des Nageurs de Marseille, peut-être ?) avant de frapper la petite balle jaune, exercice dans lequel il excella tout de suite. De tournoi des Petits As (Tarbes) en tournoi des Petits Princes (Annecy), il se voit proposer à 17 ans une bourse pour rejoindre une université américaine. Mais dans la famille Tizot, on a le sens des valeurs, genre « passe ton bac d’abord ». « Plus jeune, je ne pouvais m’entraîner que lorsque j’avais fini tous mes devoirs. C’est une forme de discipline que j’ai toujours conservée. » Quelques années plus tard, il négocia avec le doyen d’Aix-Marseille School of Economics (AMSE), où il effectuait un cursus d’ingénieur en statistique, le droit de passer un an aux States. Le doyen trouva l’affaire… risquée, mais apprécia l’initiative et donna son accord. C’est ainsi que Julien Tizot, qui avait fait allemand première langue, débarqua au Saint Mary’s College of California, en Californie, donc !

Sous le soleil de Moraga

Sous le soleil de Moraga, Julien Tizot obtiendra : son diplôme d’ingénieur (AMSE) ; un master en finances quantitatives (diplôme français) ; un master d’analyse financière (Saint Mary’s College). Comme il avait de la ressource et qu’il était venu pour jouer au tennis, il fera bien entendu partie de l’équipe du Saint Mary’s College, en deviendra coach assistant, sera sélectionné au sein de la Conférence (on n’expliquera pas davantage le système américain de compétition universitaire, un rien complexe, mais on sait qu’il rassemble les meilleurs) pour disputer un championnat relevé et d’ailleurs enlevé par un certain John Isner, futur n° 8 mondial à l’ATP. En vérité, Julien Tizot aurait pu devenir joueur de tennis professionnel. « J’ai même disputé deux tournois pros ! » Des blessures récurrentes le dissuaderont d’embrasser la carrière. « Aujourd’hui, je regrette un peu de n’avoir pas tenté l’aventure quelque temps. Un an sur le ‘circuit’, c’est très formateur.  » Le plus formateur, dans l’histoire, c’est surtout cette discipline de fer qu’il s’impose pour mener de front études et pratique sportive, le tout de haut niveau. « C’était le deal passé avec mes parents. J’avais déjà un peu d’entraînement. Ce travail permanent est devenu une passion. »

« Peser davantage sur l’économie »

Au sortir de Saint Mary’s College, une première opportunité professionnelle s’offre à lui : il devient trader. «  Je me suis vite aperçu que je ne partageais pas les valeurs de mon patron. Je suis quelqu’un qui prend des risques - j’en ai toujours pris. C’est ce qui fait sans doute ma différence, si ce n’est ma valeur ajoutée. Mais, quand les choses ne me plaisent pas, je m’en vais.  » Moyennant quoi, il fonde son propre hedge fund. Il a 25 ans. Mais gagner de l’argent pour gagner de l’argent n’est pas sa tasse de thé. « Créer plus d’emplois, peser davantage sur l’économie, c’est ce qui m’intéresse. » Il revient en France, chez AG2R La Mondiale, comme responsable de la gestion alternative, avec plus de 2 milliards de dollars à investir, et se taille la réputation d’un des meilleurs investisseurs institutionnels de France. Accessoirement, il fonde l’équipe de tennis d’AG2R. Accessoirement encore - ou presque, car c’était une « suggestion » de son employeur - il s’inscrit au Certificat international d’analyste financier de la Société Française des Analystes Financiers, et termine major de sa promotion. Sans doute commençait-il à se languir lorsqu’il s’inscrit, en 2013 au double MBA de Columbia Business School et de la London Business School. « Pendant deux ans, j’ai passé 9 jours par mois aux USA, tout en continuant à travailler chez AG2R. » Il avoue quand même en avoir bavé… N’empêche ! à Columbia, il a pour professeur Joseph Stiglitz (Prix Nobel d’économie 2001), que la proximité enseignants/étudiants propre aux Etats-Unis lui permet d’appeler Jo. On ne voit pas qu’à Toulouse les élèves de Jean Tirole (Prix Nobel d’économie 2014) lui donnent du Jeannot !

Associé chez Forepont Capital Partners

Avec ce MBA, Julien Tizot s’oriente vers le venture capital, dont la traduction française de capital-risque lui déplaît. « Le venture capital est à mes yeux une façon de construire, en permettant aux entrepreneurs de vivre de leurs idées. Je peux les y aider grâce à mes connaissances dans le domaine financier. Cela fait partie des valeurs pour lesquelles je fais ce métier. Le ‘capital’ est déprécié en France. Pour moi, tant que la finance reste un moyen sans être une fin en soi, c’est parfait. Regardez : sans argent, pas de vaccin contre la Covid-19, par exemple. Et si ce moyen permet d’investir dans des entreprises qui changent la vie, alors c’est magnifique.  » Après une première expérience en Suisse, il s’offre un break de 7 mois autour du monde avec son épouse, persuadé qu’à son retour il remettra rapidement le pied à l’étrier grâce à son réseau relationnel. De fait, C’est Eric Attias, ancien de Columbia et fondateur de Forepont Capital Partners à New York qui l’appelle. Depuis 2014, Forepont investit dans des start-up du secteur des Bio&Med Tech à fort potentiel, en Europe et aux USA, afin qu’elles deviennent des références mondiales. Eric Attias lui propose de devenir associé, de fonder et développer le bureau parisien de Forepont. « Même si la santé n’est pas mon domaine d’expertise, la vision de Forepont Capital Partners correspond parfaitement à l’idée que je me fais d’un fonds d’investissement : apporter du capital financier et humain, avoir un impact sur la vie des gens, trouver les bons entrepreneurs pour réussir l’aventure entrepreneuriale…  » Julien rejoint Forepont fin 2018, en qualité de General Partner en charge de l’Europe. Il apporte sa rigueur et sa capacité à traduire et à mettre en œuvre les idées visionnaires d’Eric Attias.

Carton jaune pour excès de travail

Forepont « s’investissant » aussi dans le pilotage même des entreprises que le fonds accompagne, Julien Tizot a été amené à prendre la direction générale d’une start-up développant des tests antigéniques de diagnostic, notamment pour la Covid-19. Et il s’est trouvé confronté aux affres de tout entrepreneur face à un marché pour lequel la start-up avait réalisé de gros investissements, et qui a failli être remis en cause (seulement failli, on se rassure !). « C’est une position qui permet de toucher du doigt la réalité du terrain. Cela apporte une connaissance supplémentaire du métier d’entrepreneur. Ce sont parfois des moments physiquement et émotionnellement difficiles ! En tout cas, cela m’amènera aussi, pour de futures opérations de venture capital, à avoir un discours plus adapté.  » Totalement accro au boulot, Julien s’est vu récemment « menacé » par Eric Attias d’un « carton jaune » - la métaphore sportive n’est jamais loin - pour excès de travail ! Un comble. L’addiction au travail ne serait-elle pas un symptôme de l’entrepreneur dont Julien Tizot aurait mal évalué le risque ? « Je n’ai jamais autant travaillé et cela a un côté excitant. Mais je commence à prendre conscience des incidences que cela pourrait avoir sur ma santé. Mon épouse, mes parents, mes amis me le disent, et il faut savoir l’entendre… » Histoire de profiter de sa fille d’un an, de la voir grandir, de s’adonner un peu plus à la photo, au golf - autre passion vite dévorante - et au jeu de paume - cette distraction de roi - qu’il a découvert l’an dernier et dont il a déjà gagné le championnat de France 2e série, ce qui en fait le 8e joueur français de la discipline. Les 7 premiers sont avertis : face à Julien Tizot, ils risquent gros…


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